Suby's world V6

Hiraeth, la fin du voyage

Hiraeth, la fin du voyage est un seinen en 3 tomes de Yuhki Kamatani publié chez Akata et paru au Japon entre 2021 et 2022. Cette série raconte le road-trip entre Mika, une jeune fille désespérée par la mort de sa meilleure amie, Hani, une divinité en fin de vie, et Hibino, un être immortel souhaite redevenir mortel.

Synopsis de Hiraeth, la fin du voyage

Mika est une jeune fille qui ne se remet pas de la mort de sa meilleure amie, Mitsuha. Inconsolable, elle décide de la rejoindre dans la mort. Pour que cela soit rapide, elle se jette sous les roues d’un camion. Un inconnu l’ayant remarquée juste avant son élan fatal, se précipite et la sauve in-extremis. Seulement, c’est lui qui se fait percuter par le poids lourd. Paniquée, elle le devient encore plus lorsque l’homme se relève comme si de rien n’était et l’entraîne à l’abri des regards. Sous le choc, elle constate que le corps de cet homme se régénère comme par magie. En fait, Hibino est un être immortel. Il est accompagné par une divinité dont le nom s’est perdu au fil du temps. Elle réalise un pèlerinage à travers le Japon pour dire au revoir aux autres dieux qu’elle a rencontrés, avant de se rendre à Yomi, l’endroit où vont les âmes des morts, pour s’éteindre à jamais. Mika décide alors de les accompagner dans leur voyage vers Yomi, avec le secret espoir que si elle meurt là-bas, elle reverra son amie…

Fiche technique

Mon avis :

Après avoir lu et adoré la série Éclat(s) d’âme de Yuhki Kamatani, j’ai foncé les yeux fermés vers Hiraeth, la fin du voyage. Mon ressenti a toutefois été plus mitigé, cette fois-ci. Certes, les dessins sont magnifiques, toujours aussi fins et travaillés. Cependant, j’ai eu plus de difficultés à rentrer pleinement dans cette histoire.

Des personnages peu attachants de prime abord

Tout d’abord, je n’ai pas réussi à m’attacher complètement aux personnages. J’ai été gêné par le détachement apparent de Mika, qui n’a qu’une idée en tête : mourir pour retrouver sa meilleure amie. Cette idée quasi obsessionnelle l’aveugle à en devenir égoïste. La divinité avec qui voyage Hibino s’amuse de tout, au risque de blesser involontairement ceux qui l’accompagnent et semble aussi fascinée par le trépas des humains. Enfin, Hibino l’immortel, que rien ne paraît atteindre, coureur invétéré qui recherche son âme-sœur, a, lui aussi, un caractère très particulier.

Hiraeth, ou la mort étudiée sous toutes ses coutures

Ensuite, on ne va pas se mentir, la thématique même de cette série est ancrée dans le deuil et la mort. Autant dire que c’est un peu plombant malgré quelques touches d’humour par-ci par-là. Le lecteur est donc confronté à ses propres angoisses face au sujet délicat du trépas. Pourtant, Yuhki Kamatani développe des points de vue très intéressants sur le sujet, avec beaucoup de délicatesse et d’acuité : les regrets, la mémoire, le souvenir, la quête de l’immortalité, la maladie, le deuil… Des sujets plutôt lourds, mais bien traités. Yuhki Kamatani réussit le challenge de développer toutes ses thématiques autour de la mort sans pour autant faire sombrer ce road trip dans le désespoir, bien au contraire.

Un titre moins accessible aux occidentaux ?

Finalement, ce manga souffre bien malgré lui de la différence culturelle entre les occidentaux et les asiatiques. Le rapport à la mort n’est pas du tout le même, et cela se reflète jusqu’aux religions : principalement monothéistes en occident et plutôt polythéistes au Japon. Je pense qu’en partie, c’est ce fossé culturel qui a fait que je n’ai pas pu apprécier pleinement cette œuvre.

Un manga bien singulier, toutefois, et qui donne à réfléchir.