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Alabama 1963 , une plongée dans l'Amérique ségrégationniste

Alabama 1963 est un roman français de Ludovic Manchette et Christian Niemiec, publié en 2020 au Cherche Midi, puis édité en poche une année plus tard chez Pocket. Ce premier roman mêle habilement polar et peinture historique d’une époque pas si lointaine.

4ème de couverture

Birmingham, Alabama, 1963.
Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent…
Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime.
Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge : « Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… »
Deux êtres que tout oppose. A priori.

Fiche technique d'Alabama 1963

Mon avis :

Pour un premier roman, c’est un coup de maître, et ce, à plusieurs niveaux. Tout d’abord, la plume est addictive. Ce roman est un véritable page-turner. Composé de chapitres courts, il se lit facilement. Un peu comme un scénario, je me faisais le film dans ma tête. L’intrigue est bien menée, mais finalement, elle se révèle être assez secondaire.

Alabama 1963, un instantané de l’Amérique ségrégationniste

En effet, la grande force de ce roman est la peinture de l’Amérique raciste et ségrégationniste de l’époque. J’ai été choqué et révolté en même temps en lisant les dialogues des blancs, leurs attitudes si hautaines et déshumanisantes vis-à-vis de la communauté noire. Je n’arrêtais pas de me dire, mais ce n’est pas possible de penser comme ça ! Et surtout, que ç’a réellement eu lieu et que ce type de comportements et pensées perdurent encore malheureusement chez certains bas du front, aujourd’hui.
Mais cette peinture ne s’arrête pas qu’aux seuls blancs, puisque l’on suit aussi le difficile quotidien d’Adela. On voit ainsi l’autre côté du tableau : ce sentiment de soumission forcée pour garder leur emploi, l’obligation de ravaler leur fierté quand on leur parle mal ou qu’on les dénigre. Et surtout, ne pas se révolter, au risque de subir les foudres du Ku Kux Clan.

Le choc des cultures

L’autre force du roman, c’est la rencontre de ces deux mondes, incarnés par le raciste Bud et la femme de ménage noire Adela. En se côtoyant l’un l’autre, les lignes vont commencer à bouger. Grâce à son enquête, Bud va commencer à réviser ses jugements racistes. Adela, en l’aidant, va aussi s’apercevoir que les personnes peuvent changer et sa peur des blancs va peu à peu s’estomper. Comme quoi, quand on prend la peine de s’intéresser aux autres, à leurs vies, cela permet de briser les préjugés qu’on pourrait avoir.

Bref, Alabama 1963 est un excellent roman, palpitant et très bien documenté, qui nous emporte, nous révolte et nous émeut.