Nuit est un roman français de Bernard Minier publié en 2017 chez XO Éditions, puis édité en poche en 2018 chez Pocket. Ce thriller est la quatrième aventure du commandant Martin Servaz.
Nuit de tempête en mer du Nord. Secoué par des vents violents, l’hélicoptère dépose Kirsten Nigaard sur la plate-forme pétrolière. L’inspectrice norvégienne enquête sur le meurtre d’une technicienne de la base offshore. Un homme manque à l’appel. En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Quelques jours plus tard, elle est dans le bureau de Martin Servaz.
L’absent s’appelle Julian Hirtmann, le tueur retors et insaisissable que le policier poursuit depuis des années. Étrangement, sur plusieurs clichés, Martin Servaz apparaît.
Kirsten lui tend alors une autre photo. Celle d’un enfant. Au dos, juste un prénom : Gustav.
Pour Kirsten et Martin, c’est le début d’un voyage terrifiant. Avec, au bout de la nuit, le plus redoutable des ennemis.
Cette quatrième enquête de Martin Servaz démarre très fort. Après avoir échappé de peu à la mort, le commandant de police se retrouve une nouvelle fois aux prises avec le diabolique Julian Hirtmann. La tension est présente dès les premières pages et se maintient tout le long de ce roman nerveux. Toutefois, pour l’apprécier entièrement, il est préférable d’avoir lu au préalable Le cercle, deuxième roman de Bernard Minier, car les événements développés dans Nuit y sont intimement liés.
Bernard Minier maîtrise parfaitement le sens du suspense et de l’intrigue. S’il veut espérer mettre la main sur Hirtmann, Servaz va devoir découvrir l’identité de l’enfant sur la photo. Mais cette enquête le trouble d’autant plus, qu’il a l’intuition que cet enfant pourrait bien avoir un lien avec lui. D’autre part, on sent aussi que Servaz évolue en terrain miné. En effet, une sombre conspiration se met en place autour de lui. Martin semble être un insecte pris dans une toile mortelle.
En revanche, là où pêche un peu ce roman, c’est un sentiment de surenchère. En effet, un autre groupe d’individus fait son apparition, bien décidé à se venger d’Hirtmann. Si cela ajoute une tension supplémentaire, la dernière partie abuse des retournements de situation et des coups de théâtre. En conséquence, cela nuit malheureusement à la crédibilité de l’histoire, rendant la fin légèrement confuse. À trop complexifier la machination, le lecteur a la désagréable impression qu’on veut lui en mettre plein la vue, voire rajouter encore plus de suspense par des artifices certes spectaculaires, mais qui étaient dispensables. Les scènes chocs du dénouement finissent par ressembler à un tour de passe-passe pour amener une conclusion à l’histoire, et on a quasiment perdu de vue le meurtre originel qui a ouvert cette histoire.
Un autre élément qui nuit légèrement à l’intrigue est l’espèce de pseudo-romance qui semble s’installer entre Servaz et Nigaard. À un moment donné, l’enquête va évoluer dans un univers glauque de parties finies où un certain sadisme sexuel s’exprime librement. Quoi qu’il en soit, l’auteur nous gratifie de scènes explicites qui n’apportent rien au fond. Certes, on sait que Servaz n’est pas un surhomme, qu’il a ses failles. Mais franchement, ses ébats avec l’inspectrice norvégienne paraissent gratuits. Un peu comme si l’auteur succombait à la mode : des titres spicy fonctionnent en ce moment, eh bien, je vais rajouter une petite scène de sexe en plein milieu pour être dans la tendance.
En conclusion, même si la tension et le suspense sont maintenus de bout en bout, le côté too much du scénario affaiblit la portée du roman. Certains aspects prometteurs ont été abandonnés en cours de route et l’on regrette ainsi un petit côté bancal à l’histoire. À trop vouloir manipuler le lecteur, cela finit par se ressentir et gâcher légèrement la lecture avec un final discutable. Des quatre romans que j’ai lus de l’auteur jusqu’à présent, Nuit est sans conteste celui qui m’a le moins plu, alors que les deux premiers tiers étaient vraiment très bons. Dommage.